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21 février 2016 7 21 /02 /février /2016 07:08
Manitas de Plata et son frère Hyppolite BaliardoManitas de Plata et son frère Hyppolite Baliardo

Manitas de Plata et son frère Hyppolite Baliardo

Hommage de Laurent Navarro à Manitas de Plata

Hommage de Laurent Navarro à Manitas de Plata

La famille Baliardo est l’une des familles gitanes les plus emblématiques de Montpellier.

Nous avons déjà croisé Ricardo Baliardo dans une chronique précédente, plus connu sous le nom de Manitas de Plata, surnom qui lui fut donné dès son plus jeune âge devant sa dextérité à jouer de la guitare. Mais Manitas n’était pas le seul musicien de la famille et au risque d’oublier un fils, un frère ou un cousin, cette chronique va tenter de démontrer que la saga n’est pas terminée.

Manitas est le frère ainé d'Hippolyte. Au début, la musique n’est pour eux qu’une distraction traditionnelle destinée à être jouée lors des fêtes familiales ou lors du pèlerinage aux Saintes Marie de la Mer. Puis, ils forment le groupe « Los Baliardos » avec leur cousin José Reyes et Manero, le premier fils de Manitas. José est un chanteur exceptionnel et Manero est à la fois chanteur et guitariste. Ils jouent à la terrasse des cafés sans compter faire une carrière professionnelle. En musique Flamenca, le guitariste est en principe au service du chanteur, mais Manitas est soucieux de son image et de sa propre mise en scène. C’est ainsi qu’il est remarqué par le photographe Lucien Clergue, natif d’Arles et ami de Pablo Picasso. Clergues prend quelques clichés et lors d’une exposition à New York, une photographie de Manitas attire l’attention d’un visiteur qui a entendu jouer le groupe. Il en parle à un producteur américain, lequel demande au photographe de faire venir Manitas à New York. De retour à Perpignan, Clergues fait part de cette proposition à Manitas mais celui-ci n’y accorde pas plus d’intérêt que cela. D’ailleurs, Clergue n’a pas de nouvelle du producteur. Toutefois, un an après, le producteur américain se présente à Perpignan et propose de produire un enregistrement de quelques titres.

Le disque est un succès aux Etats Unis et Manitas de Plata commence une tournée triomphale par le Carnegie Hall, alors que cette salle est souvent celle de la consécration des artistes, après une longue carrière.

Hyppolite fera cette tournée mais ensuite par peur de l’avion, il n’accepte plus que des contrats qu’il peut honorer en voyageant en voiture ou en train. S’il n’a pas connu une ascension médiatique aussi extraordinaire que son frère, il est reconnu pour son touché exceptionnel et pour avoir introduit et imposé au monde gitan français de Perpignan à Arles la rumba catalane. Cette musique est née dans le quartier gitan de Barcelone du mariage de la rumba flamenca – à l’origine une musique de danse dérivée de la Guaracha cubaine et pratiquée par les Gitans Andalous depuis le 18ème siècle – et de rythmiques audacieuses empruntées à la rumba cubaine et au mambo. Depuis, cette musique est devenue traditionnelle dans le sud de la France. Comme son frère Manitas, il fut un ami de Pablo Picasso. Celui-ci lui offrit deux toiles que sa femme s’empressa de brûler tant elles lui paraissaient laides !

Hyppolite vivait dans un appartement de la cité Gely à Montpellier.Il est décédé le 27 mai 2009 à 80 ans.

Comme leur père, les fils d’Hyppolite Baliardo, Ninõ, Bébé, Bambo et Nanasso, sont les représentants incontournables de l’identité musicale gitane.

Le plus célèbre des fils d’Hyppolite est Bruno, dit Nino, né le 19 juin 1961.

Nino BaliardoNino Baliardo
Nino Baliardo

Nino Baliardo

Enfant,  il est si doué pour la guitare qu’il enregistre à 9 ans son premier disque « Prince de Camargue » chez CBS sous le nom de Nino de Suerte. Ce disque devient disque d’or. Enfant, il passe des vacances dans la maison de Picasso. Son chant semble inspirer le maître. Il dira "Picasso, il a dessiné un matador et un cheval sur la guitare, mais à l'époque je n'ai pas fait attention et je l'ai cassé".

Nino a été remarqué par les plus grands, de Paco de Lucia à Camaron de la Isla et il se produira en première partie des concerts de son oncle Manitas à l’Olympia à Paris comme sur les plus grandes scènes internationales. Il devient ainsi l’un des acteurs du renouveau populaire de la musique gitane.

Afin de perpétuer la tradition familiale, il fonde au début des années 80, en compagnie de son cousin Nicolas Reyes (fils aîné de José Reyes), « Les Gipsy Kings » qui comprennent alors Tonino Baliardo, Diego Baliardo, "Patchaï" Reyes, Paul "Pablo" Reyes et Chico. Le rythme des guitares flamencas du groupe s’exportent dans le monde entier. Le groupe devient n° 1 aux Etats Unis notamment  avec de grands succès planétaires comme « Jobi Joba», « Bamboléro » et bien d’autres,  écrits collectivement. Cette vague musicale est porteuse d’un message de joie de vivre et les Gypsy King vendent plusieurs millions d’albums. Ils ne cessent de tourner dans le monde entier. Nino quitte le groupe à la suite de divergences artistiques.

Aujourd’hui, Ninõ Baliardo, surnommé « l’Ouragan », est assurément l'un des derniers grands spécialistes du Cante Jondo, un « chant profond » dans un style très primitif et dramatique du chant flamenco andalou qui nécessite une profonde sensibilité et de grandes capacités expressives.

En 2009, Nino et Bébé (David) Baliardo ont enregistré un album dans un petit studio proche de Montpellier, afin de retrouver une authenticité musicale. Cet opus intitulé "Picasso" est un vibrant hommage à leur père, à la rumba catalane et au peintre Picasso, et bien sûr,  porté par des rythmes gitans endiablés.

 

 

couverture du dernier cd de Nini Baliardo & Gipsy Dynasty  (Le Chant du Monde 2011)

couverture du dernier cd de Nini Baliardo & Gipsy Dynasty (Le Chant du Monde 2011)

Un autre fils d’Hyppolite à fait son chemin, il s’agit de Jean-Pierre Cargol dont la carrière commença à 12 ans par un grand rôle au cinéma sous la direction de François Truffaut. Alors que celui-ci prépare son nouveau film intitulé : « L’Enfant Sauvage », Jean François Stevenin, alors régisseur, repère le jeune Jean-Pierre dans un camp de gitans près de Montpellier. Ses parents acceptent le tournage mais Jean Pierre est chaperonnée par sa mère durant toute sa durée. Afin d’être au calme, François Truffaut tourne le film dans la propriété d’un amis, à Aubias situé dans le puy-de-Dôme. On se souvient que "L'Enfant Sauvage" est l'histoire d'un enfant, capturé comme un animal par des paysans, et amené au docteur Itard à Paris. L’enfant sauvage semble être sourd et muet et le monde scientifique le considère comme un attardé abandonné par ses parents pour cette raison. Toutefois, le docteur Itard, interprété par Truffaut, considère que le retard mental de l’enfant est consécutif à son absence de contact avec les hommes. Il lui apprend le langage et le quotidien d'une vie d'enfant afin de le faire émerger de sa primitive animalité. L’enfant sauvage, auquel le médecin a donné pour nom Victor, acquiert peu à peu une humanité touchante. Le film sort en février 1970 et il reçoit un triomphe. Jean Pierre Cargol connait la notoriété fugace des enfants du cinéma : il ne tournera aucun autre film. Par contre, Jean Pierre n’échappe pas à la guitare et il devient   « El Rey », "un roi sans couronne, ni royaume" comme il se plait à le dire. Il a longtemps animé les nuits de « La Camargue » un restaurant people situé à Aigues-Mortes, avec son groupe flamenco également nommé « La Camargue ». Il a fait quelques émissions de Pascal Sevran et surtout de Patrick Sébastien pour lequel il a composé un générique. Parfois, il rejoint «Chico et les Gypsy». A lui aussi Picasso avait offert des dessins. Ceux-ci, à l’exception d’un seul, ont fini dans le caniveau après avoir été pliés pour en faire de petits bateaux !

 

 

affiche de "L'enfant sauvage" de François Truffaut et Jean Pierre Cargol et Kéma en concertaffiche de "L'enfant sauvage" de François Truffaut et Jean Pierre Cargol et Kéma en concert

affiche de "L'enfant sauvage" de François Truffaut et Jean Pierre Cargol et Kéma en concert

Bambo Baliardo a été l’accompagnateur de Manitas pendant plus de 30 ans. Il a enregistré également quelques disques.

Nanasso (Jean marc ) Baliardo a hérité de la fièvre musicale gitane. Il partage son temps entre les concerts, sa participation au « Gipsy Dynasty » et aux cours de guitare qu’il dispense dans le quartier Figuerolles de Montpellier.

 

 

Bambo Baliardo et Nanasso BaliardoBambo Baliardo et Nanasso Baliardo

Bambo Baliardo et Nanasso Baliardo

Kéma (Christophe) Baliardo

Kéma (Christophe) Baliardo

À ce jour, il ne reste plus qu'un seul héritier direct de Manitas : son plus jeune fils Fernando. Son petit-fils Christophe Baliardo, dit Kéma, guitariste virtuose, joue dans plusieurs formations et il est notamment le soliste du groupe Gitan  « Chico et les Gypsies ».

 

Olivier Blochet dit Le Niglo

Le 19 février 2016

 

© Droits réservés – Olivier Blochet - février 2016 

 

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commentaires

S
je trouve lamentable d'avoir '' semé'' 28 enfants dans la nature... gaspillé son argent à tout va et finir tout seul dans la misere, il n'y a pas à le plaindre, il a forgé seul sa misere et sa solitude... et je suis montpelliéraine, je connais... j'ai mangé à son resto à la grande motte pour ses 80 ans
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O
Bonjour Sari. Je ne vois pas l'intérêt de votre commentaire sous cette chronique essentiellement musicale.
A
Bonjour Olivier, je me pose une question par ce que je ne retorouve pas dans votre présentation de la filiation Baliardo le nom de Paco qui a pourtant été membre des Gipsy Kings. Pouvez-vous m'éclairer? Merci.
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O
Bonjour Antoine. Désolé de vous répondre aussi tardivement, mais je n'avais pas vu votre post. Paco a été effectivement membre dès l'origine du groupe Les Gipsy king. Jacques "Paco" Balliardo est l'un des nombreux enfants de Manitas de plata. Celui-ci n'en a reconnu que 13 sur 24, peut être même 28. Paco a joué avec son père avant de jouer avec les Gipsy King et ensuite il a mené une carrière solo moins exposée médiatiquement. C'est bien que vous m'ayez écrit car cela me donne envie de faire une nouvelle chronique sur la fratrie. Cordialement, Olivier
B
Bonjour Laurent, oui bien sûr avec plaisir, c'est une belle preuve d'intérêt pour Manitas.<br /> Cordialement.<br /> Olivier
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O
Voici mon adresse : olivier.blochet.comoe@gmail.com<br /> <br /> Merci pour votre contribution.<br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> Olivier
N
laisser moi une adresse mail pour la photo <br /> merci <br /> et encore un grand merci a tous ceux qui seront reprendre ces titres en les remettant au gout du jours pour garder Ricardo dans nos mémoires pour ne pas l'oublier <br /> et une pensée a sa famille de la part de notre communauté
N
laisser moi une adresse mail pour la photo <br /> merci <br /> et encore un grand merci a tous ceux qui seront reprendre ces titres en les remettant au gout du jours pour garder Ricardo dans nos mémoires pour ne pas l'oublier <br /> et une pensée a sa famille de la part de notre communauté
N
laisser moi une adresse mail pour la photo <br /> merci <br /> et encore un grand merci a tous ceux qui seront reprendre ces titres en les remettant au gout du jours pour garder Ricardo dans nos mémoires pour ne pas l'oublier <br /> et une pensée a sa famille de la part de notre communauté
N
en l'honneur de manitas qui a bercer mon enfance je me suis fait tatouer son visage sur mon bras si vous désirez montrer se tatouage je serais prêt a le publier sur votre blog <br /> laurent navarro
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