CHRONIQUE NOIRE N°38
Si Zazie était là, pas la chanteuse, celle du roman de Raymond Queneau, c’est ce qu’elle dirait avec sa voix de titi parisienne, y compris en l'absence de métro en raison de la grève.
La lutte syndicale est légitime, elle permet de gérer les conflits sociaux. Mais, le mot conflit n’est pas uniquement synonyme de guerre. Il signifie également opposition ou encore antagonisme.
À toutes les époques, les sociétés humaines ont connu des conflits d’intérêts. Certes, dans le passé, les guerres étaient le recours le plus simple pour asseoir sa suprématie et faire valoir ses arguments en les imposant aux autres. Mais dans une société moderne comme la nôtre, les antagonismes doivent se gérer autour d’une table, mis à part dans des pays indécrottables où l’obscurantisme prédomine.
Les appels à l’insurrection, sur certains pseudos sites indépendants d’informations (1), sont une calamité.
Pendant plus de 30 ans, les gouvernements qui se sont succédé n'ont pas réformé ce pays par manque de courage, préférant le "après moi le déluge".
Nous sommes forcément arrivés au bout du quai et maintenant, il faut choisir :
Faire ou laisser faire
Dans une démocratie, ce n’est pas la rue qui gouverne et ce ne sont pas non plus quelques milliers de personnes qui veulent préserver leurs régimes spéciaux au détriment de ceux qui les financent qui vont renverser le régime.
Les abus, nous les connaissons et pourtant, personne n’en parle, ou alors feint de les avoir oubliés. Un exemple parmi d’autres : Les agents RATP qui partaient en retraite à 50 ans. Pourtant ceux-là n’avaient pas" poussé des wagonnets au fond de la mine". Non, ils bénéficiaient alors d’un régime spécial. Et bien d’autres régimes de même nature existent aujourd'hui encore. C’est la raison pour laquelle ce sont d’abord les agents de la SNCF et de la RATP qui ont commencé la grève. L’astuce de leurs dirigeants syndicaux ayant été de rallier d’autres secteurs pour contrer le projet de réforme, n’hésitant pas à développer des arguments trompeurs.
Le durcissement des mouvements sociaux en optant pour la violence n'est pas un gage d'intelligence. En province, je ne constate pas cette haine qui n'appartient qu'à une minorité d'excités habitants les zones urbaines. Alors de grâce, ne donnons pas la parole à ceux qui prônent la guerre civile et la ruine économique du pays.
L'image de la France à l'étranger est déplorable depuis l'épopée grand guignolesque des gilets jaunes et ce n'est pas le contexte actuel de chienlit qui va attirer les investisseurs étrangers et les touristes.
Il faut se faire une raison, la mise à plat des régimes de retraite est une obligation et leur équilibre financier indispensable. Ce n'est pas en affrontant violemment les forces de l'ordre, en brûlant une brasserie et les Twingo des riverains que les problèmes de société se régleront.
Olivier Blochet
Le 21 janvier 2020
© Olivier Blochet – 21 janvier 2020
(1) Voir ma chronique " Propaganda" du 4 mai 2019