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9 juin 2020 2 09 /06 /juin /2020 14:38
UN TRAIN PEUT EN CACHER UN AUTRE, UN TRAORÉ AUSSI

 

 

CHRONIQUE NOIRE N°45

 

 

Aux États-Unis, la mort de Georges Floyd a suscité une vague d’émotion et des marches pacifistes, mais aussi des violences sans que ces dernières ne puisent être justifiées, et a fortiori les pillages en marge des manifestations.

Les violences policières aux États-Unis n’ont pas de lien direct avec la France[1]. La tentative d’en faire la justification de manifestations non autorisées, pour tenter d’intimider la justice dans le cadre de l’affaire Adama Traoré[2], repose sur l’accusation gratuite d’un racisme généralisé de la police et des institutions françaises. Il s’agit d’une grave dérive identitaire.

S’il est légitime à la famille Traoré de se livrer à une bataille judiciaire, mais aussi médicale, il n’est pas possible de mettre sur le même plan l’affaire Georges Floyd, un noir américain interpellé par des policiers dont l’un d’eux le maintient en posant son genou pendant de longues minutes sur son cou (ce que la vidéo atteste) et celle d’une interpellation après trois tentatives de fuite, sans témoin direct autre que les gendarme présents. Les expertises officielles excluent la responsabilité des gendarmes dans le cas d’Adam Traoré, attribuant la mort à un « œdème cardiogénique » lié à l’état de santé d’Adama Traoré, à son stress et aux efforts physiques liés à ses tentatives de se soustraire au contrôle, alors qu’il avait, selon les experts, une forte concentration de cannabis dans son organisme. Les médecins choisis par la famille contestent ces conclusions[3].

Alors que cette dramatique affaire devait trouver son épilogue dans le cadre d’une instruction et d’une bataille d’experts, elle est aujourd’hui instrumentalisée en référence à la situation américaine pour tenter de faire reposer la mort d’Adama Traoré sur un acte d’homicide de nature raciste.

Il ne s’agit donc plus de demander la justice, mais de réclamer une vengeance.

Dans les deux cas, s’il est légitime de débattre sur les techniques d’interpellation des forces de l’ordre, et notamment celle du plaquage ventral en cas de résistance, pour permettre le menottage, placer l’affaire française sur le terrain des violences policières racistes, quasiment institutionnalisées, relève de la manipulation outrancière dont les effets pervers présentent à terme le danger de créer dans l’esprit de la population, une crainte permanente de la police, alors que le rôle de celle-ci est de protéger les citoyens.

Aucune corporation n’échappe à un pourcentage de racistes dans ses rangs, mais affirmer que la police est raciste par essence est une contre-vérité véhiculée par des agitateurs, tels le « collectif urgence notre police assassine » ou encore par le groupe identitaire «  ligue de défense noire africaine » qui par la voix de son porte-parole accuse la France d’être « un État totalitaire, terroriste, esclavagiste, colonialiste ». Une déclaration faisant écho à une autre, celle –ci devant l’ambassade de’Afrique du Sud en septembre 2019 : "La xénophobie doit s’arrêter. Si vous voulez être xénophobe, d’accord. Commencez par tuer les blancs, commencez par tuer les Chinois, commencez par tuer les Indiens. Ne tuez pas vos frères, nous avons la même couleur de peau" .

Une conception de l’antiracisme qui sent le totalitarisme à plein nez, mais également la prudence, puisque les arabes n’étaient pas ciblés, alors que la traite arabo-islamique a asservi des millions de noirs durant des siècles.

L’outrance n’a plus de limites, l’aveuglement et la perte de mémoire des extrémistes non plus. Rappelons-nous que le dernier génocide du 20e siècle eut lieu au Rwanda, lors duquel les Hutus massacrèrent les Tutsis, 2 peuples noirs ! Aujourd’hui, dans de nombreux pays africains, la police violente la population sans que les Yannick Noah et autre Omar Sy ne protestent, ni d’ailleurs les collectifs cités précédemment.

Et nous pourrions également débattre du racisme anti-blanc !

Les délires communautaristes sont dangereux car ils minent la cohésion républicaine et personne ne sortirait vainqueur d’un chaos interethnique et interconfessionnel reposant sur le rejet.

Et puis souvenons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, nous les acclamions les « flics » qui avaient risqué leurs vies pour nous protéger d’une série d’attentats terroristes. Je me souviens même d’un blanc embrassant un « flic noir » dans la rue.

 

 

Olivier Blochet

Le 9 juin 2

© Olivier Blochet – 9 juin 2020

 

[1] Selon le chercheur Mathieu Zagrodzki, dans l’hebdomadaire Marianne, le rapport à la violence, la circulation des armes à feu et le mandat que l’on donne à la police sont différents. 3En France, la police blesse beaucoup, mais elle tue peu. Les polices américaines tuent plus d’un millier de personnes par an, pour 320 millions d’habitants. La police et la gendarmerie en France, une vingtaine »,  avance Mathieu Zagrodzki, auteur d’un ouvrage sur ces deux polices. Sur quelques 1500 enquêtes judiciaires confiées à la police des polices en 2019,seule une trentaine concerneraient des faits de racisme ou de discrimination qui appellent le cas échéant, « les sanctions les plus sévères », indique de son côté le directeur général de la police ( DGPN) Frédéric Veaux.

[2] Le jeune homme avait été interpellé en 2016 à Beaumont-sur Oise après avoir tenté à plusieurs reprises de se soustraire à un contrôle de police.

[3] La dernière expertise médicales, réalisée à la demande de la famille considère que le jeune homme est mort d’un syndrome asphyxique faisant suite à un œdème cardiogènique. Elle attribue ce dernier « à une axphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral ».

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