CHRONIQUE NOIRE N°32
Personne n’incarne la République, a fortiori en se rebellant contre les forces de l’ordre et un magistrat.
Un élu se doit de respecter la Loi plus qu’aucun autre citoyen.
L’intimidation, la provocation et le manque de sang froid ne sont pas les qualités requises que le peuple attend de ses représentants et la posture de Jean-Luc Mélenchon, tenant des propos menaçants aux policiers et à un procureur lors de la perquisition des bureaux de son mouvement, n’a fait qu’alimenter la défiance des électeurs. Imaginons un peu qu’un homme politique « pète les plombs » en plein sommet international !
S’il avait fait amende honorable après sa pathétique exhibition, il ne se serait pas retrouvé devant le tribunal pour cela. Mais ne perdons pas de vue, en dépit de ses gesticulations désespérées pour faire diversion, que l’instruction porte sur deux volets distincts : les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle de 2017 et sur les assistants d’eurodéputés de la France insoumise (1)..
Prétendre que cette perquisition était entachée d’irrégularité et disproportionnée au motif que plusieurs sites ont été perquisitionnés en même temps relève de la mauvaise foi. Pour des perquisitions de ce type, le déploiement de forces de l’ordre est tout à fait normal pour saisir l’ensemble des documents visés par la procédure.
N’en déplaise au justiciable, il ne s’agissait pas d’un procès politique puisque la demande de report du procès à une date ultérieure demandé par le procureur reposait sur le fait que certaines pièces n’avaient pas été transmises. Le but n’était donc pas de gêner la campagne des municipales du Parti de la France insoumise. Son rejet par le tribunal ne comportait aucune raison politique, mais des arguments juridiques. Les soutiens de Monsieur Mélenchon et consorts auraient dû s’abstenir de pousser des cris de victoire. Une salle d’audience n’est pas un stade.
Le mauvais procès fait aux magistrats, et notamment aux procureurs, en les assimilant à des « inféodés » au pouvoir politique relève d’une méconnaissance des règles de nomination de ceux-ci. Les magistrats du parquet obtiennent leur poste au moment de la « loterie » annuelle, sur validation du Conseil de la magistrature. S’ils sont soumis à l’autorité du Garde des Sceaux, ils ne sont pas nommés par l’exécutif contrairement à ce que les détracteurs de notre système juridique prétendent. Seuls les Procureurs de la République sont nommés par l’exécutif.
Et puis, n’oublions pas que depuis plusieurs mandatures, des perquisitions ont été opérées, la première d’envergure visait le ministre socialiste Christian Nucci dans le cadre de l’affaire du « Carrefour du développement » en 1986. Puis en 1991, ce fut l’affaire « URBA », concernant le financement occulte du Parti socialiste. Ces deux affaires mirent en lumière l’« affairisme rose ». Opportunément, les parlementaires votèrent la Loi 15 janvier 1990, une Loi d’amnistie " pour les délits de financement illégal des campagnes électorales et des partis politiques". Cette Loi a permis aux personnes poursuivies d’obtenir un non-lieu pour des faits criminels. Actuellement, des magistrats instruisent l’affaire du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
Toutes ces affaires judiciaires reposaient ou reposent encore sur des « malversations » avérées ou supposées, et le glaive des magistrats a toujours tenté de frapper les coupables sans arrière pensées politiques. Le problème repose sur les politiques qui tentent de retenir leurs bras.
Olivier BLOCHET
Le 26 septembre 2019
© Droits réservés – Olivier Blochet - septembre 2019
(1)
La première : escroquerie et tentative d’escroquerie, abus de confiance et recel d’abus de confiance.
La seconde : détournement de fonds publics, blanchiment de tous crimes ou délits de dissimulation de l’origine ou du bénéficiaire effectif d’une somme d’argent.