Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 18:10
Rachid Taha (photographie source Inrocks)

Rachid Taha (photographie source Inrocks)

Le chanteur Rachid Taha est né le 18 septembre 1958 à Saint-Denis-du Sig (devenu Sig), près d’Oran en Algérie.

En 1968, sa famille s’installe en Alsace, puis dans les Vosges. Élève dissipé, ses parents l’inscrivent dans un lycée catholique à Bruyère. Pour tromper son ennui, il écoute les chansons d’Oum Kalthoum, un moyen d’apprendre à écrire l’arabe et de parler l’arabe littéraire.

Après des études de comptabilité, il travaille à l’usine Thermix de Rillieux-La Pape. Il y rencontre les frères Hamed et Moktar Amini avec lesquels il forme le groupe  Carte de Séjour » qui sera rejoint en 1982 par le batteur Jérôme Savy. La même année, il ouvre une boîte de nuit « Au Refoulé » dans le quartier de La Croix-Rousse à Lyon. Incarnant la jeune génération des années 1980, le groupe participa notamment à la fameuse marche pour l’égalité et contre le racisme en 1983 organisée par divers mouvements antiracistes avant d’être étouffés par François Mitterrand par l’intermédiaire de la création SOS-Racisme.

Un premier album sort en 1984 intitulé « Rhorhomanie » prônant l’intégration et la tolérance des immigrés.

Mais, c'est en 1986 que la reprise de "Douce France", une chanson de Charles Trenet, que Carte de Séjour prend son envol commercial avec une version insolite avec oud, darbouka et congas. Carte de Séjour alla jusqu'à distribuer ce single aux députés à l'Assemblée nationale. Cette chanson fut aussi celle des meeting de la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1988. En 1989, le groupe se dissout et Rachid Taha entame une carrière solo avec la sortie en 1991 de son premier album : "Barbès".

Rachid Taha a toujours revendiqué une filiation musicale avec Cheikha Remitti dont il a repris dans ses albums des rythmes et des mélodies.

En 1998, il participe avec Khaled et Faudel  à "Un, deux, trois soleil", un album comprenant plusieurs titres qui deviendront des tubes comme "Ya Rayah", un hymne des immigrés algériens composé par l'idole du Chaâbi, Dahmane El-Harrachi (1925-1980). Lors de la réédition de cet album en 1999, le trio ajoutera deux titres supplémentaires, dont "Comme d'habitude" de Claude François.

En 2001, Rachid Taha reçoit sa première victoire de la musique.

En 2004, l'album "Tékitoi" est un succès, non seulement en France, mais également aux États-Unis grâce à la reprise de "Rock the Casbah" du groupe punk britannique The Clash.

En 2006, il confie au PARISIEN qu'il a enfin demandé la nationalité française. "Je n'avais pas fait la demande avant, par négligence. Autour de moi, tout monde l'a", expliquait-il.

En 2008, il interprète le rôle principal dans le court-métrage « Là où je pense » produit par Canal +, puis il publie son autobiographie : « Rock la Casbah » dans laquelle il intitule l’un des chapitres : "Algérien pour toujours, et français tous les jours". Toutefois, il y affirme n’avoir jamais demandé la nationalité française en mémoire de son oncle tué par les militaires français pendant la guerre d’Algérie. Plus tard, il dira ne pas vouloir de la nationalité française en expliquant sur le site Babal Med : « Non, c'est un snobisme de ma part. Quand je vois les gens qui ont la nationalité, mais restent des citoyens de seconde zone, je me dis, à quoi bon ? ».

Plus tard il avouera aux INROCKS que pourtantcela aurait plus simple pour lui de devenir français : « Si je demande la nationalité française, ce sera aussi par amour, pour ne pas décevoir ma compagne quand elle me dit « Si on partait au Brésil demain »... « Moi, je ne peux pas partir au Brésil demain, j'ai besoin d'un visa ».

En 2013, il sort son neuvième album solo "Zoom", avec lequel il électrise Le Trianon à coups de sons traditionnels  et de métissages punk et jamaïcains, avant de faire une nouvelle tournée mondiale.

En 2015, il commence à écrire, en collaboration avec Kenzy Bourras, des musiques de films français et la même année il reçoit un trophée lors des « Victoires de la Musique » pour l’ensemble de sa carrière.

Mais derrière cette vie semée de succès musicaux de succès, Rachid Taha vit l’enfer. Il souffre d’une maladie génétique diagnostiqué en 1987, après qu’il ait  perdu de la force dans sa main droite.  Dans un entretien accordé à El Watan, le chanteur avait souhaité alerter et sensibiliser les gens quant à la maladie d'Arnold-Chiari, une malformation congénitale du cervelet. Il expliquait alors : "J'en ai marre que les gens me prennent pour quelqu'un de 'bourré' sur scène. Alors que ce sont les symptômes de la maladie d'Arnold Chiari. Je titube, car je perds l'équilibre. Je vacille. Cela génère un dérèglement dans le corps. (...) L'incontinence, un calvaire, la constipation et bien sûr le déséquilibre (...) C'est une maladie où l'on peut perdre la vue". Selon lui, ce syndrome venait de la consanguinité : "Mes grand-mères étaient sœurs. Elles portaient le même nomElles avaient le même père et la même mère. Et mon père s'est marié avec sa cousine. [...] Arrêtez de vous marier entre vous !"

Malgré cela Rachid Taha poursuit sa carrière.

Rachid Taha meurt dans son sommeil dans la nuit du 12 au 13 septembre 2018 aux Lilas (93), des suites d’une crise cardiaque alors qu’il s’apprêtait à sortir chez Believe un nouvel album, dont le premier morceau devait s’intituler « Je suis africain ».

Dès l’annonce de la triste nouvelle, les hommages ont afflué sur les réseaux sociaux, tous saluent la grande figure de la France Black-Blanc-Beur, du rock teinté de punk et du raï des années 1980.

 Il a été enterré au cimetière Sidi Bensiame à Sig lors d'une cérémonie "modeste et conviviale", selon les mots de sa femme Véronique, mais réunissant toutefois une foule immense d'admirateurs.

La discographie de Rachid Taha mérite d'être revisitée tant certains de ces titres sont dans la mémoire collective sans pourtant lui être toujours associés.

 

Olivier BLOCHET

Le 15 mars 2021

© Olivier Blochet – 15 mars 2021

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

M
Rachid Taha était singulier et avait de la personalité dans ses interptétations, c'était son point fort ! Excellent ! Unique ! Irremplaçable ! Je l'aimais bien. Michel Darvert.
Répondre
O
Merci Michel pour ton commentaire. J'ai eu beaucoup de commentaires en ce sens. Amicalement, Olivier

Présentation

  • : LE BLOG DE OLIVIER BLOCHET
  • : Vous trouverez sur mon blog : mon actualité d'auteur sur les salons du livre, mes chroniques littéraires, mes chroniques noires, mes brèves, mes interviews d'auteurs, mes conseils de lectures, mes chroniques sur les Tsiganes, celles sur les musiciens de jazz. Toutes mes chroniques sont protégées par un copyright et les dispositions légales sur la liberté d'expression.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens