CHRONIQUE NOIRE n° 75
Il existe une singularité dans la langue française, celle de désigner par le même mot l'inviteur et l'invité.
Sans doute existe t-il une explication sémantique, mais je ne la connais pas.
Cela étant, peut-être faut-il remonter tout simplement aux origines de la race humaine, aux fondements de la tribu, puis de la famille, tous à l'origine du droit d'hospitalité.
Ainsi, le mot hôte désigne à la fois la "puissance invitante" et l'invité, que celui-ci soit un(e) ami(e), des membres de la famille, une relation d'affaires, ou simplement un pique-assiette comme j'en ai tant connu.
Des pique-assiettes ? Mais si, vous savez, ces personnes qui se font inviter chez les autres sans payer de retour ni contribuer à la dépense, et qui lorsque l'on change de décor ont tôt fait de vous oublier ou de vous faire la guerre.
À ce stade de la lecture, certains se reconnaissent, alors que d'autres non. Les premiers, je m'en moque, ils ont compris que pour eux les chevaux de frise sont déployés. Avec les seconds, la situation est plus problématique, car ils restent en embuscade avec le même état d'esprit alors qu'ils en sont dépourvu.
À l'usage, "l'enfer, c'est les hôtes" comme me l'a soufflé récemment mon ami colombien Juan Paolo Suarte dans son restaurant de Medellín.
Olivier Blochet
Le 03 novembre 2022
Copyright 03 novembre 2022