Dans le but de fuir les conflits et les invasions barbares, une petite diaspora quitte le nord de l’Inde au 5ème siècle et prend la route.
A cette époque, le peu de biens que les familles de cette petite communauté tient dans des chariots tirés par les hommes ou par des bœufs . Pour la nuit, on tend des toiles, la vie est précaire.
Après un court séjour en Perse, ce petit peuple, à l’origine sédentaire, traversa les montagnes Afghanes, puis après un essaimage démultiplicateur dans l'empire Byzantin, rejoignit les Balkans puis plus tard, l’Europe de l’Est.
Au contact des peuples auprès desquels elle vécu (Mongols, Kazaks,Turkmènes), cette population, devenue nomade, appris le commerce. Sa circulation tout au long de l’histoire entraîna des contacts économiques permanents entre l’Orient et l’Occident, entre zone chrétienne et Ottomane.
La soif de conquête des Ottomans et les guerres successives que ces derniers menèrent, encouragèrent l’élevage des chevaux dont le commerce fut longtemps contrôlé par les Tziganes. Dès lors, les attelages de bovins furent remplacés par des chevaux ou des ânes. L' essence même du nomadisme leur permit d’optimiser le transport du matériel servant à l’habitat et ainsi, permettre la réalisation de tous les rêves de voyages.
L’évolution passe par des chariots à la solidité incertaine à de petits chariots faisant office d’habitation à compter du 9ème siècle. Roulottes à l’aspect désuet, brimbalantes, la famille poursuit son voyage en marchant à côté.
Au 19ème siècle apparut la véritable roulotte en bois, nommée verdine (de vardo, mot Romani), conçue comme une véritable maison sur roues. Plus vaste, plus stable et plus rapide, on y accède à la porte par un escalier escamotable. Elle est munie de fenêtres, de volets et d’une cheminée. L’aisance de ses propriétaires se devine tout d’abord par son aspect extérieur : ornements en bois sculptés, couleurs chatoyantes et cuivre en font de petits palais roulants aux allures de Trans Orient express.
A l’intérieur, le confort est sommaire, mais le fameux lit en alcôve y prend place, le poêle à bois pour se chauffer est présent ainsi que le buffet et les ustensiles de cuisine. Les représentations religieuses assurent la décoration.
« La roulotte des Romanichels » très présente dans la littérature européenne a contribuée à la place important que tient dans l’imagerie populaire « la famille Bohémienne qui courre par les grands chemins » : la bonne aventure, la fabrication des paniers en osier, la mendicité …
Leur maniabilité a permis aux Bohémiens de circuler dans toute l’Europe en empruntant toutes les routes ou chemins lorsqu’il leur était nécessaire de se rendre discrets selon les pays, les régions ou les époques.
Cet habitat folklorique a laissé progressivement sa place aux caravanes après la seconde guerre mondiale.
Mais les traditions subsistent et pour des raisons de pureté, les femmes Tsiganes ne sont pas autorisées à accoucher à l’intérieur de la « roulotte ». De même, lors d’un décès, la roulotte est décorée de tentures et des centaines de bougies brûlent lors de la veillée, le temps pour chacun de dire au défunt un dernier adieu. Anciennement, la tradition voulait qu’après les funérailles, la roulotte du défunt soit brûlée pour purifier l’habitat. Il s’agissait probablement d’une survivance de la crainte des épidémies, née au moyen âge. Aujourd’hui, on fait en sorte que la mort intervienne en dehors de la caravane ou à l’hôpital pour éviter de la brûler.
La vente à un gadgo (non Tsigane) est également tolérée.
Cela explique qu’il soit difficile aujourd’hui de trouver une authentique verdine sauf à procéder à une restauration intégrale dans l’esprit de ces maisonnettes qui ont sillonné nos campagnes pendant des siècles.
Il existe toutefois quelques menuisiers qui proposent la fabrication de roulottes avec des caractéristiques extérieures à l’ancienne, mais pourvu à l’intérieur du confort moderne d’un mobile-home.
Les véhicules hippomobiles sont antérieurs au Code de la route et à ce titre ils ne sont pas assujettis à la détention d’un permis de conduire, au contrôle technique ou au passage aux mines. Elles doivent toutefois respecter une largeur maximale de 2,5 mètres et être munies de triangles de signalisation, de feux et de freins « si le relief de la contrée l’exige ».
Si la roulotte est tirée par un véhicule automobile, elle est alors assimilée à une caravane et une carte grise est obligatoire si son poids total autorisé en charge est égal ou supérieur à 500 kg.
Olivier BLOCHET
Le 18 janvier 2015
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