René Mailhes est né en 1935 dans une famille de musiciens manouches.
Alors que son frère lui fait découvrir Charlie Parker, Duke Ellington, Coleman Hawkins ou encore Sidney Bechet, il décide de devenir musicien de jazz. À 14 ans, il est attiré tout d’abord par le saxophone et le piano. Puis, il commence à apprendre à jouer sur la Busato de son frère, et comme la guitare est une seconde nature dans la famille de sa mère, il prend des cours chez son oncle René "Challin" Ferré.
À 17 ans, avec son ami Laro Solero, ils jouent les intermèdes musicaux avant les séances de cinéma. À 18 ans, les deux jeunes guitaristes découvrent le Paris du jazz rive gauche et ses boîtes : «Le Club Saint-Germain », « le Tabou » ou encore « le Blue Note ». Ils deviennent semi-professionnels, mais sans guère de succès tant le répertoire be-bop de Charlie Parker est éloigné des compositions de Django Reinhardt que le public attend de la part de musiciens manouches.
C’est en 1954 que René Mailhes fait la connaissance du grand guitariste belge René Thomas, avec lequel il partage la passion du jazz américain et du Be-bop.
En 1958, devenu musicien professionnel, René Mailhes part en Allemagne avec son cousin Sarane Ferré pour jouer sur la Kurfürstendamm, «Les Champs-Élysées » de Berlin-Ouest.
Puis de 1961 à 1963, devant la déferlante du rock’n’ Roll et de ses dérivés yéyé qui deviennent le marché florissant de la musique pour adolescents, il joue avec « Les Glenners » de Glenn Jack (le pseudonyme de Jacques Verrière - parolier et chanteur, auteur de « Mon pote le gitan », chanson hommage à Django Reinhardt, interprétée notamment par Mouloudji et Yves Montand). Les Glenners sont constitués également de Babik Reinhardt et de Laro Solero, entres-autres. Le succès n’est pas vraiment au rendez-vous, les critiques considérant que leur son est trop jazz ! Cela n'empêche pas le groupe de tourner un scopitone sur l'esplanade du Trocadéro sous la direction du jeune et encore inconnu Claude Lelouch.
À cette époque, il accompagne également le rocker Teddy Raye, puis le groupe « les Gambiers », dont Claude François est le batteur. Il devient, un temps, le guitariste de Frankie Jordan, dont Sylvie Vartan faisait les chœurs. À cette époque, il refuse de rejoindre l’orchestre d’Eddy Mitchell qu'il juge trop rock pour le musicien de jazz qu’il est.
Ensuite, René Mailhes met sa carrière de musicien entre parenthèses pour élever ses enfants. Il travaille durant quinze ans comme ferrailleur avec l’un de ses oncles tout en continuant à jouer pour le plaisir. Mais en 1983, la nostalgie de la musique le rattrape et le besoin de jouer du jazz en public lui fait quitter un travail pourtant rémunérateur.
Il forme un trio avec George Ketcli et Dominique Lemerle. Puis, il joue avec Gilles Clément et enfin Michel Perez.
Parallèlement il travaille sur un projet d’enregistrement. Mais il lui faut attendre 1995 pour qu’il sorte enfin un premier album inspiré par les Jazzmen américains. D’ailleurs, la Selmer est absente, car René Mailhes est un adepte du son clair de la Gibson. Son style est fluide, sans le déluge de notes propre au jazz manouche. René Mailhes est précis, chacune de ses phrases apportant la preuve de sa grande connaissance des harmonies du be-bop, inspirées par Dexter Gordon et Duke Ellington.
De 1992 à 1998, il enseigne la musique parallèlement à sa vie de musicien de scène.
À 84 ans, René Mailhes continuait de se produire sur scène, n’ayant jamais perdu sa passion du jazz.
Il est décédé le 15 décembre 2022.
Olivier Blochet
Le 9 février 2018
Mise à jour le 18 décembre 2022
© Droits réservés Olivier Blochet – 9 février 2018 et décembre 2022
DISCOGRAPHIE
1995 : Gopaliné
1998 : Gitrane
2005 : Carrément
2008 : Chtildo