Les Tsiganes, ou Bohémiens, sont entrés en France par la frontière du Rhin au 19 ème siècle.
Accusés d'être des espions à la solde Bismarck, leur circulation fut rapidement mise sous haute surveillance.
De tous temps, les Tsiganes se sont livrés à des activités saisonnières compatibles avec leur mode de vie itinérante et les régions traversées: vente de chevaux, saisonniers lors des récoltes, ramoneurs, scieurs de long, chiffonniers, rempailleurs de chaises, saltimbanques, dresseurs d'ours, vanniers, marchands sur les foires et marchés.
Aux campements de fortune sous forme de tentes et de chariots, succédèrent les roulottes, véritables maisonnettes mobiles facilitant les déplacements.
Ce manque d'intégration poussa les autorités à faire un amalgamme entre les vagabonds sans activité et ces étrangers en instituant divers registres. Après un carnet spécial de saltimbanque, Georges Clémenceau, Ministre de l'intérieur, créa les "Brigades du Tigre" dont la première mission fut d'intercepter les nomades aux fins d'un recensement systématique. Puis vint la création du carnet anthropométrique, et enfin le carnet de circulation, sorte de pièce d'identité que les Tsiganes devaient présenter lors de leur arrivée dans chaque commune. Ce carnet, discriminatoire et disciplinaire fut en application pendant plus de 60 ans.
En outre, la Loi donnait aux Maires le pouvoir d'interdire le stationnement sur le territoire de leur commune. La mobilité des Bohémiens, circulant au gré des contraintes saisonnières liées à leurs activités, devint de plus en plus compliquée et nombre de familles décidèrent d'abandonner leur vie de voyages.
En 1844, THIERS alors Président du Conseil , avait fait construire des fortifications pour protéger PARIS. Celles ci commencèrent à être démolies à partir de 1919, laissant place à une large bande de terrains vagues non constructibles (environ 250 mètres). C'est sur ce site, appelée également "la zone" que s'installèrent les familles issues du petit peuple parisien chassé par la spéculation immobilière consécutive à la transformation de Paris qui avait commencé sous le second Empire. Arrivèrent ensuite des paysans en raison du début de l'exode rural et des Tsiganes, las des contrôles de police.
Ce prolétariat urbain (les zonards) construisit des habitations de fortune ou y stationna ses roulottes dans ce qu'il convient d'appeler de véritables bidonvilles dépourvus de toute hygiène. Cette "zone" se situait donc autour de Paris, au pied des anciens "fortifs" et principalement Porte d'Italie, Porte de Choisy, Porte d'Ivry, jusqu'à la Porte Clignancourt à l'orée de SAINT OUEN. Elle compta jusqu'à 30 000 habitants.
Progressivement, cette zone a disparu, laissant tout d'abord place à la construction d'une ceinture d'immeubles bon marché, ancêtres des HLM, à la place des anciennes fortifications, puis après la seconde guerre mondiale, sur la partie non constructible, de ce qui devint le boulevard périphérique dont la construction commença en 1963 pour s'achever en 1973. Les derniers bidonvilles disparurent au milieu des années 70.
Olivier BLOCHET dit LE NIGLO
20 octobre 2013
© Droits réservés – Olivier Blochet - octobre 2013