Aujourd’hui, je présente le romancier Jacques BERLIOZ-CURLET
O.B : Bonjour Jacques Berlioz-Curlet. Pour nos lecteurs, pouvez-vous en quelques mots vous présenter : quel est votre parcours, et le cas échéant, que faisiez-vous avant d’écrire ?
J.B-C : J’ai connu une carrière de commissaire de police pendant 38 ans, et bien que ma profession ne me portât pas à écrire des livres, romans ou autres genres littéraires et à les éditer, j’ai depuis mes jeunes années un goût à l’écriture. Au cours de ma profession, d’ailleurs, j’ai eu l’occasion d’écrire beaucoup, mais des rapports administratifs ou des procès-verbaux d’enquêtes ! Le virus de l’écriture était en moi donc depuis longtemps. Il s’est manifesté plus précisément vers la fin du XXème siècle, en 1999, lorsque j’ai publié aux Éditions J.M. Bordessoules mon premier roman historique : « Si Dieu bientôt n’y remédie ».
O.B : Depuis quand écrivez-vous, quels sont les sujets qui vous inspirent, et en définitive quel(s) type(s) de livre(s) écrivez-vous ?
J.B-C : Depuis 1999, donc, j’écris plus assidûment et je publie, soit chez un éditeur, soit pour la plupart de mes ouvrages en autoédition. Les sujets qui m’inspirent sont surtout des sujets historiques, soit en raison de l’époque (j’aime les périodes tourmentées de l’histoire), soit en raison de personnages, parfois peu connus, mais qui représentent pour moi certains idéaux qu’ils ont quelques fois défendus. Mais, je me suis inspiré aussi d’histoires contemporaines et depuis quelque temps, je m’essaie dans des romans d’aujourd’hui, ou presque.
Or j’ai un caractère porté à l’éclectisme : j’aime aussi écrire de la poésie, des nouvelles, des contes, du théâtre (dans lequel je n’ai pas encore percé d’ailleurs) le roman policier ou le documentaire policier.
O.B : Quels sont les titres de vos derniers livres ?
J.B-C : Mes deux précédent livres sont : un livre de poésies « Rêveries et Caprices », m’inspirant d’une œuvre musicale de Hector Berlioz (hélas, ce n’est pas mon ancêtre et je n’ai pas d’attache familiale avec le compositeur), et un livre de quatre contes originaux illustrés en couleur par moi-même (car j’affectionne aussi le dessin et l’aquarelle) qui s’intitule « L’oie qui parle »… tout un programme ! C’est donc un livre de contes inédits, des contes que j’ai composés au fur et à mesure de mes inspirations. Ce sont essentiellement des contes animaliers. Pourquoi ? Pourquoi pas ? J’emmène le public dans un bestiaire fabuleux où les animaux vivent, pensent, rêvent et agissent comme les humains. Comme dans d’autres fables de prédécesseurs célèbres, tel Jean de La Fontaine, les animaux jouent sur une scène étrange dont les tréteaux ont été dressés entre l’animalité et l’humanité.
O.B : Jacques Berlioz-Curlet, votre œuvre touche différents univers. Pouvez-vous nous parler de votre roman qui vient de paraître ?
J.B-C : Il s’agit d’un tout nouveau roman historique « L’arbre seringue », dont les faits se déroulent principalement au-delà de l’Atlantique. Pourquoi ce titre ? Tout simplement parce que le suc de l’arbre, objet de la quête de ce roman, servait, selon les Portugais qui avaient approché les tribus indiennes de la haute Amazonie, à fabriquer l’instrument de leurs ablutions rituelles et présentait une forme de seringue.
Le jeune ingénieur du roi, François Fresneau, volontaire, sagace et passionné, est nommé à Cayenne en 1732 pour y rénover les fortifications. Enflammé tout à tour par une jolie marquise, une tendre métisse et une fille de la bourgeoisie de Saintonge, Fresneau, homme de science et chercheur infatigable, fera finalement une découverte au bout de son séjour en Guyane qui bouleversera notre façon de vivre: l’hévéa brasiliensis, l’arbre à caoutchouc autrement nommé « arbre seringue », dont il tirera un célèbre mémoire remarqué par l’Académie des Sciences de Paris. Un roman au cours duquel on revient sur les traces de la société du 18e siècle qui rêvait de placer l’homme au centre de l’univers.
O.B : Quel est le conseil le plus important que vous avez reçu pour écrire ou dans un autre domaine ?
J.B-C : À une certaine époque, peu avant la parution de mon premier roman historique en 1999, j’avais fait connaissance et fréquenté l’écrivain Bernard Clavel. J’ai entretenu avec lui d’agréables conversations et j’ai écouté ce qu’il me disait. Il me disait que dans toute personne il y a une richesse d’expérience, et qu’il faut puiser dans ce qui est en nous, dans notre propre passé, dans notre vie, pour se mettre à l’écriture. J’ai tenté de le suivre à partir de ses belles sagas qui m’ont conquis et j’ai essayé de l’imiter. Pour moi, ce fut mon maître pour démarrer dans l’écriture.
O.B : Les lecteurs s’interrogent souvent sur la méthode des auteurs pour écrire. Avez-vous une technique précise ou est-ce l’inspiration qui vous guide dans la construction de vos intrigues et de vos personnages ?
J.B-C : Chaque auteur a sa méthode … ou ses manies, souvent même son rituel sans lequel il n’est pas mentalement prêt à coucher des lignes sur un papier. D’abord, j’écris plutôt le matin, de très bonne heure, à partir de 5h30 ou 6 heures et jusque vers 8 h 30. C’est la période la meilleure pour moi : l’esprit est frais le matin, les idées coulent bien, la main est agile et l’inspiration vient plus facilement quand on est reposé que lorsque l’on a accumulé la fatigue. C’est bien connu !
Je me concentre dans le silence total. Je ne peux pas écrire avec un bruit qui viendrait polluer mon temps de travail. Et devant ma machine, je tape sur le clavier. En général, j’ai bien en mémoire la trame de mon livre, bien que j’écrive noir sur blanc, avec un plan succinct le synopsis de ce que je veux raconter au lecteur. Mais, je m’en évade souvent, car ce qui est commun ou partagé par les auteurs, les personnages que l’on met en scène m’échappent souvent et se mettent sous mes doigts à faire à leur guise. Et je suis obligé à un certain moment à les suivre !
Et vous savez, si écrire est un plaisir, car notre imagination peut vagabonder, il faut vite se rendre compte qu’il faut entrer dans la rigueur, du style, de la langue entre autres. Et comme disait un auteur dont j’ai oublié le nom, écrire c’est 10 % d’inspiration et 90 % de transpiration !
O.B : Travaillez-vous sur un nouveau projet et si oui, sans nous dévoiler l’intrigue, quel en est le thème ?
J.B-C : Oui, j’ai plusieurs fers au feu. C’est un peu un de mes défauts peut-être, mais j’ai toujours quelque sujet qui me tarabuste, me trotte en tête. Donc actuellement, je viens de remettre un manuscrit à un éditeur Bordelais pour un roman qui se passe à La Rochelle durant la période de Francofolies, une histoire d’amour tragique entre deux personnes qui sont de culture et je dirais d’ethnies opposées et qui pourtant tombent amoureux fous l’un de l’autre. Je n’en dis pas plus.
Puis, je travaille actuellement sur un autre roman où l’amour est aussi présent et qui se situe au début de la guerre de 1914-1918, à la mobilisation générale des Français, dans une contrée du Dauphiné, dans le milieu rural. J’y dépeins l’amour qu’une paysanne forcée de faire vivre seule la ferme qui lui échoit après le départ à la guerre de son jeune mari, découvre pour son beau-frère une attirance et un amour passionné qui les conduit tous deux à une impasse.
O.B : Comment vous faites-vous connaître et qu’attendez-vous de vos lecteurs ? Comment allez-vous à leur rencontre ?
J.B-C : Depuis une vingtaine d’années maintenant, je publie. Mais publier ne signifie pas automatiquement se faire connaître. Il y a de nombreux moyens à la disposition d’un auteur, finalement. Je fais partie d’une association d’auteurs avec lesquels je parviens à proposer une grande partie de mes livres aux lecteurs. Je me sers aussi, autant que faire se peut des salons du livre régionaux, j’utilise également, et de plus en plus les réseaux sociaux, les nouvelles technologies de l’information pour diffuser le plus largement possible mes ouvrages. Il m’arrive de participer à une table ronde, répondre à une invitation d’une médiathèque, d’un cercle associatif pour présenter une petite conférence et parler de mes livres. Mais je préfère encore le contact direct avec les lecteurs au cours d’un salon.
O.B : Justement, allez-vous participer prochainement à un évènement littéraire ?
J.B-C : Il y en a peu en cette période de confinement-déconfinement-reconfinement ! Actuellement, je me trouve dans une phase de création, et je néglige un peu les évènements littéraires.
O.B : Quel est le conseil que vous donneriez à un auteur débutant ?
J.B-C : Être soi-même, écrire ce qui lui plaît et ne pas écouter les sirènes de la renommée ou de la mode. Pour être crédible, un auteur doit sortir de soi-même, sans aucune influence, proposer sa propre création. Je lui conseillerais aussi de travailler beaucoup, de remettre l’ouvrage souvent sur le métier, de peaufiner son écriture et d’être authentique. Je lui conseillerais enfin de l’humilité et beaucoup de patience, mais aussi de l’ambition et de la ténacité. Sans ces vertus ou ces qualités, on ne tient pas longtemps.
O.B : Comment appréhendez-vous le monde de l’édition d’aujourd’hui ?
J.B-C : Très perturbé, ce monde de l’édition. Il est extrêmement composite, en ce sens qu’il y a de nombreuses méthodes pour éditer. Je prends simplement l’exemple de l’édition traditionnelle en face de toutes les variantes qui aboutissent à publier un livre. L’autoédition, par exemple est une formule qui a pris une immense ampleur dans l’édition, mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les publications, les auteurs, la diversité des œuvres, n’est pas bien considérée par l’édition traditionnelle. Et pourtant, on y découvre très souvent des ouvrages d’une très grande qualité ! Je crois aussi que contrairement à ce que l’on peut penser, le livre numérique n’a pas détrôné le livre papier, mais est venu le compléter et lui rendre, en reflet, ses titres de noblesse.
O.B : Avez-vous des auteurs fétiches ?
J.B-C : Heureusement, j’en ai beaucoup ! Je ne saurais tous les citer, car ils sont de tous poils ! Mes préférés sont cependant les classiques, entendez par là les auteurs qui ont enrichi depuis le XVIe siècle la langue française, et jusqu’à nos jours. Je cite, dans le désordre quelques-uns, mais si peu que j’ai des scrupules à ne pas parler des autres : La Fontaine, Balzac, Hugo, Dumas, Molière, Racine et Corneille, Shakespeare, Zola, Zévaco, Verlaine, Rimbaud, Camus, Sagan, Nothomb, Clavel, Ruffin, Beaumarchais, Chateaubriand, Stendhal… Et je ne peux pas remplir une page entière de tous ceux que j’aime.
O.B : Que lisez-vous en ce moment ?
J.B-C : Un roman écrit par une amie lyonnaise. Son style n’est absolument pas le mien, mais j’aime lire ce qu’écrivent les autres auteurs.
O.B : Une question essentielle : où peut-on se procurer vos livres et où peut-on suivre votre actualité ?
J.B-C : Quelques-uns de mes livres se trouvent actuellement en libraires, circonscrites au pays rochelais notamment. Je possède mes propres stocks chez moi, et je vends par correspondance. Pour suivre mon actualité, on peut venir sur ma page Facebook, c’est l’un des réseaux les plus vastes. Je m’y fais connaître, mais le résultat des ventes est plutôt faible. On n’ose pas trop utiliser ce canal pour acheter un livre. Et pourtant, on trouve de belles réalisations. J’avais aussi monté un site, mais pour être visible sur internet, il faut dépenser… beaucoup d’argent avant d’en récolter… un peu ! Mais il est possible de m'adresser une commande en m'adressant un courriel à : j.berlioz-curlet@orange.fr ou sur Messenger avec une réponse assurée dans la journée.
Allons, soyons optimistes !
Merci Jacques Berlioz-Curlet d’avoir accepté de participer à cette interview qui va permettre aux lecteurs de mieux vous connaître.
Olivier BLOCHET
Interview réalisée à Lagord le 9 novembre 2020
© Olivier Blochet – 13 novembre 2020